Gros tourbillon d’émotions aujourd’hui lors de la marche mondiale pour la journée en l’honneur de la Palestine : Jour du pays, du territoire, de la Terre de Palestine. Cette journée est en lien avec le droit au retour des réfugiers palestiniens exilés un peu partout au moyen orient.
Tout a commencé par un appel à la prière face a la porte de Damas, puisque la place des mosquées et Al Aqsa sont difficilement accessibles ces derniers temps. Puis quelques slogans, chants, sourires : bref attitude habituelle pour des personnes ravies, fières de venir représenter leur couleur ce matin. Et moi, j’étais contente de les accompagner dans cette démarche.
(Petite note personnelle : voici la position que j’ai choisie, je ne suis pas ici pour faire leur révolution, ce n’est pas la mienne. Avant de venir je pensai qu’elle était pour tout le monde, mais non « a mon sens », le monde est un soutien et la révolution est la leur, car elle est encrée au plus profond de chaque Palestinien, dans leurs tripes, dans leur sang, dans leur HISTOIRE. Nous internationaux, partisans du monde nous sommes une béquille, une épaule, un soutient dans cette révolution.)
Puis les soldats se sont mis en marche, ils ont avancé en fixant droit devant en balayant toute cette joie, tous ces sourires. Le ton s’est durci, les visages aussi. Je me suis alors rendu compte que non ce ne serait -cette fois encore- pas une manifestation non violente. Tous les manifestants le sont, bien sur puisque c’est la manière dont ils ont choisi de lutter, de résister mais pas les soldats, pas les israéliens qui étaient en face a nous ce matin.
Alors que les drapeaux continuaient de flotter dans l’air, que les bras brandissaient un point fermé, que les voix clamaient la paix des premiers soldats a cheval sont venus nous éparpillés, nous ont foncé droit dessus, créant un brouhaha de folie. Les gens couraient dans tous les sens, les chevaux continuaient droits devant, certains soldats lançaient des coups aux personnes qu’ils croisaient.
La, quelle impression : je ne sais pas quoi dire. J’avais le sentiment de me noyer, de boire la tasse..Je courais car on me disait de courir, mais pour aller où, pour faire quoi ? Je ne savais pas, juste il fallait que je cours. Une porte s’est ouverte, on m’a tiré dedans et voila j’ai repris mon souffle..J’ai cherché autour de moi, personne que je ne connaissais. Une minute, deux puis on est ressorti..On a redescendu la route, j’ai retrouvé une camarade et nous sommes retournées au cœur de la manif.
Les soldats se sont calmés, les chevaux on repris leur souffle, les manifestants ont recommencé a chanter et l’assaut est repartis. Cette fois nous étions coincés entre les petites échoppes de la rue, des vendeurs ambulants et les bennes a ordures.. Sensation de piège, de peur, les coups de matraques pleuvaient, les bombes lacrymo aussi..Et nous étions fait comme des rats entre ce vendeur de pain au sésame et ce kiosque fourre tout. Ecrasée contre un mur, les gens devant moi se prenaient des coups de matraques, des exhortations de sortir des militaires. Tout va très vite, mais l’expression se pisser dessus prends tout son sens : j’ai aujourd’hui bien cru que ca allait m’arriver une bonne dizaine de fois !
Puis au fil de la manif, on prend nos repères, on se trouve nos cachettes : on sort, on avance, on recul, on se cache les yeux, la bouche, on se retranche. Ici ce n’est pas la guerre mais presque, le vocabulaire y fait sûrement penser. Mais quels autres mots employer, je ne trouve pas.
Je sais juste que cette manifestation pour la Paix, pour une Palestine libre et retrouvée a résonné dans ma tête, m ‘ a renvoyé les images de guerres que j’ai pu voir dans les reportages et m’a foutu bien la trouille.
Un tourbillon de sentiments, je le disais au début, tellement forts, tellement confus que ce mail doit surement en être le reflet et j’en suis désolée. L’effroi face a cette brutalité, l’inquiétude face a l’inconnu, l’angoisse face aux cris des gens et les miens qui ne sortaient pas, mais la joie surtout la joie de voir ces hommes, ces femmes oui toutes ces femmes si fortes face aux soldats, face a leurs matraques, face a leurs menaces.
Si il y a bien une chose qui m’aura bouleversé aujourd’hui -outre cette violence- ce sera bien ces femmes et leur courage. Leur force dans le regard, dans l’âme. Elles n’ont presque plus rien à perdre et veulent tout donner aux futures générations, elles sont pour moi les figures de cette révolution.
Je n’ai pas le temps de finir, je voulais juste a chaud écrire ce que je n’ai peut être réussi a clamer aujourd’hui.
A bien vite, pour je promets un mail plus sympathique, gai et léger que les deux derniers!
Mandine.
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