L'Humanité
Pierre Barbancey
Lundi, 29 Septembre, 2014
Vendredi, à la tribune de l'ONU, à New-York, Mahmoud Abbas a laissé éclater sa colère et celle de son peuple dans un discours d'une rare intensité.
Photo Timothy A. Clary/AFP
Vendredi, à la tribune de l’Onu, à New York, , Mahmoud Abbas, a laissé éclater sa colère et celle de son peuple dans un discours d’une rare intensité. Le président de l’autorité palestinienne a fustigé la politique israélienne et la destruction de Gaza. Il demande un calendrier pour obtenir la fin de l’occupation et la création effective de l’état de Palestine.
New York (États-Unis, siège des Nations unies), envoyé spécial.
L’Organisation des Nations unies avait décrété « 2014, année de la Palestine ». Quel bilan ! Une guerre menée par Israël se soldant par près de 2200 morts dont des centaines d’enfants (pour mémoire, les pertes israéliennes se chiffrent à 4 morts civils et 66 soldats), aucune initiative ne permettant d’entrevoir le moindre espoir dans les mois, voire les années qui viennent et un silence de la plupart des grandes puissances qui s’apparente à un blanc-seing donné à Tel-Aviv, qui poursuit sa politique de colonisation et d’occupation des territoires palestiniens.
Le président de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Mahmoud Abbas, a donc laissé éclater sa colère et celle de son peuple à la tribune de l’ONU dans un discours d’une rare intensité. S’il n’avait pas « dans une main le rameau d’olivier et dans l’autre le fusil de révolutionnaire » comme son prédécesseur, Yasser Arafat, du haut de cette même tribune exactement quarante ans auparavant, il a néanmoins donné le ton en dénonçant Israël qui a choisi « de faire de cette année une nouvelle guerre de génocide perpétrée contre le peuple palestinien ». Une puissance occupante « qui a choisi de défier le monde entier en lançant sa guerre sur Gaza, par laquelle ses avions et ses tanks ont brutalement assassiné des êtres, dévasté des maisons, des écoles et les rêves de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes palestiniens ». Il reste que la notion de « terrorisme d’État » n’est toujours pas entrée dans les définitions de l’ONU, encore moins aujourd’hui qu’hier.
Pour l’OLP, les paramètres de discussion doivent changer Le président palestinien, dans cette enceinte normalement dédiée à la paix et à la justice, a rappelé qu’un an auparavant, il avait mis en garde sur les risques encourus pour son peuple face à la colonisation, aux assassinats, aux arrestations, au blocus contre la bande de Gaza. « Voilà où nous en sommes, après cette troisième guerre contre Gaza menée par cet État occupant, raciste. » Cette colère du
peuple palestinien, Mahmoud Abbas l’a portée sans crainte. « Cette dernière guerre n’est rien d’autre qu’une série de crimes de guerre perpétrés au vu et au su du monde entier, d’une manière qui rend inconcevable aujourd’hui (...) que certains s’en tirent en déclarant
simplement leur soutien au droit d’Israël à se défendre (...) ignorant un simple fait que nous leur rappelons aujourd’hui : la vie d’un Palestinien est aussi précieuse que celle de tout autre être humain. »
« Au nom de la Palestine et de son peuple, j’affirme que nous n’oublierons pas et que nous nepardonnerons pas, et que nous ne laisserons pas des criminels de guerre échapper au châtiment », a-t-il martelé. De nombreuses organisations palestiniennes, dont le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) dirigé par Raji Sourani, demandent d’ailleurs que l’Autorité palestinienne ratifie le statut de Rome lui donnant la possibilité de saisir la Cour pénale internationale.
Au-delà de l’émotion, Mahmoud Abbas, conscient que les Palestiniens attendent maintenant de lui fermeté et initiative politique, a pris à témoin les chefs d’État et de gouvernement présents à New York. Les négociations engagées plus d’un an auparavant sous l’égide des Nations unies ? Un échec ! Impossible, dans ces conditions, de revenir à la situation précédente. Pour l’OLP, les paramètres de discussion doivent changer. Il convient notamment de fixer un calendrier de fin d’occupation et de création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Une résolution devrait être présentée dans ce sens. Acceptée à l’unanimité ? La France n’a pas eu un mot pour la Palestine. Les États-Unis ont fustigé le discours d’Abbas, dénonçant « des descriptions offensantes » et des « déclarations provocatrices ». D’ailleurs, Obama, dans son discours, l’a affirmé : « La violence dans la région a amené nombre d’Israéliens à renoncer à la paix » (sic) et, de toute manière, « ce n’est pas la seule source de conflit dans la région » (resic). Demander la fin de l’occupation israélienne et « l’indépendance de l’État de Palestine? », l’insolence des Palestiniens n’a plus de bornes. Et toujours pas de frontières !
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