La conférence de Paris renouvelle l’espoir des Palestiniens pour la paix
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L’année prochaine, cela fera
cinquante ans qu’Israël occupe la bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris
Jérusalem-Est. Cela fera cinquante ans qu’Israël poursuit une politique de
colonisation qui suscite la condamnation internationale.
Mais l’année prochaine marquera
aussi cinquante ans d’immobilisme, au point que la culture israélienne de
l’impunité fait croire à beaucoup que la solution négociée à deux Etats n’est
plus possible. Nous autres Palestiniens demandons au monde de ne plus se
contenter de nous adresser des paroles aimables, mais de prendre toutes les
mesures nécessaires pour mettre un terme à l’occupation israélienne de la
Palestine et faire enfin respecter les droits piétinés des Palestiniens.
L’ancienne formule des négociations
« bilatérales » a échoué en raison de l’intransigeance israélienne
sur la poursuite et l’expansion de son entreprise de colonisation. En dépit du
fait que le nombre de colons israéliens transférés dans les territoires
palestiniens occupés a presque quadruplé depuis le début du « processus de
paix », Israël n’a subi aucune sanction de la part de la communauté
internationale.
Faire appliquer le droit
international
Les Etats-Unis, au lieu d’agir en
médiateur honnête, continuent à le soustraire à l’application du droit tout en
ne parvenant pas à convaincre le gouvernement israélien de respecter ses
obligations juridiques à l’égard des Palestiniens, et de la communauté internationale
dans son ensemble.
Il est aujourd’hui essentiel de
passer de la voie bilatérale entre occupant et occupé à un cadre multilatéral
permettant à la communauté internationale d’assumer la responsabilité qui lui
incombe de faire appliquer le droit international en Palestine.
La conférence internationale doit
être considérée comme une occasion de créer un environnement de négociation
dans lequel les forces sont mises à égalité et où prévalent les droits humains.
La conférence ne devrait pas chercher comment accorder l’impunité aux crimes
israéliens, mais plutôt la façon de faire respecter les principes de la charte
des Nations unies et des pays qui aiment la paix et respectent le droit.
La Palestine veut envoyer un
message de paix. Nous continuons d’accepter le compromis historique douloureux
par lequel nous avons reconnu la présence d’Israël sur 78 % de notre
patrie historique. Nous soutenons l’initiative française avec pour objectif de
protéger notre liberté face à l’agressive occupation israélienne, et ainsi
d’assurer l’indépendance de l’Etat de Palestine, y compris dans sa capitale,
Jérusalem-Est.
Nous demandons seulement que toutes
les questions du statut final des deux Etats – dont la question des réfugiés –
soient réglées dans le cadre du droit international et dans le respect des
principes d’égalité, de justice et de liberté.
Vivre côte à côte dans la sécurité
La solution à notre problème
colonial n’est pas de « réorganiser » l’occupation israélienne, mais
d’y « mettre un terme ». Seule une entière souveraineté
palestinienne, sans la moindre ingérence israélienne dans l’Etat indépendant de
Palestine, pourra nous apporter la paix juste et durable que nous recherchons.
Le peuple palestinien attend depuis
bien trop longtemps que la communauté internationale redresse les torts qu’il a
subis par le passé et demande des comptes pour les torts présents, qui, à
chaque instant, se perpétuent dans le futur. Nous souhaitons un horizon de
paix, de liberté et de justice.
La conférence de Paris renouvelle
nos espoirs de voir nos droits juridiques reconnus, respectés, et ces
aspirations fondamentales satisfaites. Nous envisageons un avenir dans lequel
deux Etats souverains et démocratiques pourront vivre côte à côte dans la
coopération, la paix et la sécurité – deux Etats qui garantiront des droits
égaux à tous leurs citoyens et n’en discrimineront aucun pour des raisons
religieuses. Nous demandons à la conférence de dégager une voie claire vers cet
objectif.
Comme l’a dit le poète Mahmoud
Darwich : « Je viens de là-bas et j’ai des souvenirs… Je suis né
comme tout mortel. » Tel est le sentiment simple et fortement enraciné
que chaque Palestinien éprouve pour la Palestine.
Quel que soit le nombre d’années
d’exil ou d’emprisonnement, quel que soit le nombre d’hommes, de femmes et
d’enfants tués ou blessés, le nombre de maisons démolies et le nombre de
colonies construites sur ses terres occupées, le peuple palestinien reste
attaché à son foyer, à ses droits et à son histoire.
Il est de la responsabilité du
monde de faire en sorte qu’Israël ne puisse plus priver tout un peuple de ses
droits les plus fondamentaux et les plus précieux, dont celui d’être libre.
Faisons en sorte que l’année prochaine devienne un anniversaire que l’on
célébrera plutôt qu’un nouveau jalon de l’échec collectif et international à
libérer la Palestine.
Par Saeb Erekat
Secrétaire général de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Traduit de l’anglais par Gilles
Berton
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