2011 Destruction d'une centrale photovoltaïque palestinienne

Par Stuart Reigeluth
 Stuart Reigeluth est rédacteur en chef du magazine "Revolve" et travaille au Conseil européen des relations palestiniennes (Council for European Palestinian Relations, CEPR). (Cet article a été initialement publié sur Gulfnews)

Pendant que l'attention internationale est concentrée sur la candidature palestinienne aux Nations Unies, l'échange de prisonniers et la réponse absurde des États-Unis à l'adhésion de la Palestine à l'UNESCO, un événement beaucoup plus petit mais non moins révélateur a été largement occulté : Israël va détruire une centrale photovoltaïque financée par l'Espagne en Cisjordanie.

La centrale à énergie solaire n'est pas particulièrement grande - pour autant que le sont ce genre de centrales. Elle n'est pas comparable aux énormes fermes solaires de Chine, mais elle fournit de l'électricité à 40 familles palestiniennes, à une école et à un centre médical à Emnazeil, petite ville au sud d'Hébron.
Nihat Nour et son fils Mohammed, devant la centrale photovoltaïque dont les autorités sionistes ont ordonné la démolition
L'Agence espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) a pris en charge le coôt d'environ 300.000 euros et l'Association espagnole Seba (Servicios Energeticos Basicos Autonomos) a participé à l'installation en 2009, dans le cadre du projet Azahar.

Israël prétend que le problème vient de la localisation.

Emnazeil est situé en Zone C, sous contrôle militaire israélien, où les cons! tructions palestiniennes sont interdites. Israël n'y accorde aucun permis de construire et aucune connexion n'est autorisée avec le reste de la Cisjordanie . Les répercussions de la destruction de la centrale sur les habitants du village seront massives, ils n'auront tout simplement plus aucune fourniture en électricité puisque étant en Zone C, ils ne peuvent se raccorder au réseau palestinien. Mais les implications révèlent la stratégie plus endémique d'Israël. Pourquoi Israël veut-il détruire une petite centrale photovoltaïque pacifique ?

Les zones A, B et C sont des dénominations géographiques émanant des Accords d'Oslo de 1993. Elles devaient être des mesures "provisoires" qui transfèreraient progressivement l'autorité et éventuellement la s! ouveraineté aux Palestiniens en Cisjordanie . Le problème est qu'Israël n'a rien lâché.

La Zone A comprend les villes principales de Cisjordanie sous pleine autorité palestinienne - même si Israël y fait des incursions régulières pour des "raisons de sécurité". La Zone B est la terre qui entoure les villes, où la sécurité est "partagée" avec Israël. La Zone C comprend tout le reste, soit la plus grande partie de la Cisjordanie .
L'école d'Emnazeil, ouverte grâce au réseau électrique (photo Periodismo Humano)

C'est dans la Zone C que la colonisation juive croît principalement. Dans le cadre de cette anomalie moderne - puisque la décolonisation dans le reste du monde a eu lieu dans les décennies postérieures à la Seconde guerre mondiale - le projet néo-colonial réserve la fourniture des services aux seules maisons juives. Comme ailleurs en Cisjordanie , la stratégie dans les collines du sud d'Hébron est donc d'emp&eci! rc;cher la croissance de la population palestinienne locale, ou, dans le cas de Emnazeil, d'avoir accès à l'énergie renouvelable, pour que les habitants partent dans les centres urbains et laissent la terre libre à l'agriculture colonialiste juive.

Dans le meilleur des mondes possible, cultiver les terres est une entreprise plutôt positive. Labourer, semer, récolter - toutes ces activités communes à l'agriculture - sont des sources potentielles de grandes coopérations entre les peuples, mais aussi, dans le cas présent, une source de conflit. 

La destruction des vergers palestiniens - des oliviers déracinés, incendiés ou hachés rang par rang - est une épreuve initiatique perverse presque toujours perpétrée par de jeunes colons juifs. Le vandalisme est récurrent. Qu'y-a-t-il de plus abject que de vouloir détrui! re les moyens de subsistance d'une autre personne ?
  

Ce qui est pourtant encore plus abject, c'est lorsque de telles intentions sont institutionnalisées à un tel degré qu'elles deviennent banales ou ennuyeuses pour tous ceux qui ne comprennent pas ce qu'elles représentent dans le monde d'aujourd'hui. Il est fâcheux et honteux que Richard Goldstone l'ait vu à Gaza mais qu'il ait refusé de reconnaître la bête.  

Goldstone affirme qu'il n'y a pas d'apartheid en Israël ; il a recours à des arguments tortueux selon lesquels les Juifs et les Arabes vivent vraiment ensemble en "Israël" de manière relativement paisible - considérant comme acquis que les Arabes soient traités comme des citoyens de seconde et de troisième classe, mais ils peuvent s'asseoir dans le même autobus que les Juifs. En contradiction flagrante à cet argument, Golds! tone cite le statut de Rome de 1998 sur la définition de l'apartheid, qui existe quand "des actes inhumains (...) sont commis dans le contexte d'un régime institutionnalisé d'oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime." (Statut de Rome, 1998, Article 7 relatif aux crimes contre l'humanité).
  
Il n'y a aucune doute sur les intentions d'Israël, et quiconque a visité les territoires palestiniens occupés peut en attester. La néo-colonisation juive de la terre palestinienne est une bête impitoyable et immonde qui sert à conquérir davantage de territoire pour Israël.
  
L'Espagne doit battre le rappel des autres pays européens pour qu'ensemble, ils dénonce! nt l'expropriation illégale de la terre des Palestiniens et la destruction de leurs projets. Cette centrale à énergie solaire est un petit exemple, mais il est emblématique de l'impunité récurrente d'Israël vis-à-vis du droit international. Les euros gâchés des contribuables européens sont une chose, mais pire est la destruction systématique des projets palestiniens et le mensonge israélien institutionnalisé que cette destruction est légitime. En tant que porte-parole israélien, Lior Hayat a dit, au sujet de la centrale : "Les forces de sécurité israéliennes n'agissent que dans le cadre de la loi."
  
Mensonges risibles et terrifiants...
  
 Voir la vidéo sur la vie à Emnazeil (en arabe, sous-titres en espagnol) 

Source : Uruknet
Traduction : MR pour ISM

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