mardi 24 juillet 2012

L’Union euro­péenne va approuver une impor­tante accé­lé­ration de la coopé­ration avec Israël


L’Union euro­péenne va approuver une impor­tante accé­lé­ration de la coopé­ration avec Israël

Laurent Zecchini, Le Monde​.frlundi 23 juillet 2012
Quel rapport peut-​​il y avoir entre le 11e Conseil d’association Union européenne-​​Israël, qui se réunit à Bruxelles, mardi 24 juillet, et l’attentat-suicide anti-​​israélien qui s’est produit en Bul­garie le 18 juillet ? A priori aucun, mais les auto­rités israé­liennes se sont cependant éver­tuées ces der­niers jours à enjoindre les Euro­péens à les sou­tenir au moment où l’Etat juif est frappé par le ter­ro­risme… Comment ? En ne revenant pas sur leurs enga­ge­ments de ren­forcer de façon signi­fi­cative les domaines de la coopé­ration bila­térale, les­quels ont été pris le 2 mai, lors d’une réunion conjointe à Jéru­salem. En principe leur inquiétude n’est pas fondée : le Conseil d’association, qui se tiendra en marge du Conseil des ministres des affaires étran­gères, va enté­riner une liste de 60 nou­velles "acti­vités concrètes dans plus de quinze domaines dif­fé­rents", y compris des liens avec plu­sieurs agences euro­péennes. Offi­ciel­lement et juri­di­quement, cet important ren­for­cement de la coopé­ration avec Israël ne constitue pas ce fameux "rehaus­sement" des rela­tions demandé depuis long­temps par l’Etat juif, mais une simple décli­naison des "oppor­tu­nités" prévues par le Plan d’action entre l’UE et Israël, adopté en 2005.
Impasse du processus de paix
En réalité, au-​​delà des méca­nismes com­mu­nau­taires se dessine l’intention d’accroître la coopé­ration poli­tique et tech­nique avec Israël, en dépit de l’absence totale de progrès du pro­cessus de paix avec les Pales­ti­niens, inter­rompu depuis sep­tembre 2010. Les Vingt-​​Sept vont insister dans leurs conclu­sions sur la nécessité de mettre en œuvre "acti­vement et rapi­dement" ce cata­logue de mesures, et rap­peler qu’ils sont prêts à envi­sager un rehaus­sement des rela­tions bila­té­rales lorsque les condi­tions seront réunies.
Cette démarche très poli­tique avait été gelée après l’intervention mili­taire israé­lienne dans la bande de Gaza au cours de l’hiver 2008-​​2009. Le paradoxe est que les ministres euro­péens des affaires étran­gères vont sou­ligner dans le même com­mu­niqué qu’il est impé­ratif de main­tenir la solution de deux Etats (l’un Israélien, l’autre pales­tinien), dénoncer l’accélération de la colo­ni­sation en Cis­jor­danie, les expul­sions de familles pales­ti­niennes, la démo­lition de maisons et d’infrastructures à Jérusalem-​​Est, l’aggravation des condi­tions de vie de la popu­lation pales­ti­nienne, et les graves limi­ta­tions imposées à l’Autorité pales­ti­nienne pour favo­riser le déve­lop­pement écono­mique des ter­ri­toires occupés, en par­ti­culier dans la zone C (sous contrôle total d’Israël).
La décision des Vingt-​​Sept est par­ti­cu­liè­rement signi­fi­cative, dans la mesure où elle inter­vient après les conclu­sions adoptées par les ministres euro­péens des affaires étran­gères, le 14 mai, qui avaient repré­sentées un net dur­cis­sement de la position euro­péenne : l’UE avait alors exprimé sa "pro­fonde pré­oc­cu­pation devant les déve­lop­pe­ments sur le terrain, qui menacent de rendre la solution à deux Etats impos­sible". Ce passage est repris dans le com­mu­niqué du 24 juillet, lequel renvoie à une annexe qui dresse la liste des 60 dis­po­si­tions ayant fait l’objet d’un accord.
49 secteurs de coopération
Parmi les 49 sec­teurs de coopé­ration énumérés, figurent notamment ceux-​​ci : douanes, marché inté­rieur, agri­culture, mou­vement des per­sonnes et sécurité sociale, coopé­ration sta­tis­tique, tou­risme, justice et affaires inté­rieures, transport (impli­cation du secteur privé, chemin de fer, sécurité rou­tière, etc.), énergie, société de l’information (com­mu­ni­ca­tions élec­tro­niques, Internet et cyber-​​ sécurité), envi­ron­nement, science et tech­no­logie, santé publique, etc.
L’Union euro­péenne et Israël vont, d’autre part, coopérer sur des "ques­tions hori­zon­tales", c’est-à-dire engager une coopé­ration via dif­fé­rentes agences et entités com­mu­nau­taires : l’Observatoire européen des drogues et des toxi­co­manies, Eurojust (Unité de coopé­ration judi­ciaire), Europol (Office européen de police), le Collège européen de police, l’Agence euro­péenne de la sécurité aérienne (AESA), l’Agence euro­péenne pour la sécurité maritime (EMSA), l’Agence euro­péenne pour l’environnement (AEE), l’Agence spa­tiale euro­péenne (ESA), le Centre européen de pré­vention et de contrôle des maladies (ECDC).
S’agissant de ces nou­velles avancées, les Vingt-​​Sept sou­lignent à plu­sieurs reprises qu’elles "suivent la structure du Plan d’action" UE-​​Israël. Un diplomate européen à Bruxelles très au fait de ce dossier, insiste sur ce point : "Il ne s’agit que de l’approfondissement de la mise en œuvre du Plan d’action actuel. Poli­ti­quement, il y avait un accord, depuis l’année der­nière, pour effectuer un travail tech­nique et com­mencer à réfléchir à d’autres sec­teurs de coopé­ration, mais ce n’est en aucun cas un rehaus­sement des rela­tions bilatérales."
Dont acte. Il serait cependant douteux que l’Autorité pales­ti­nienne, déjà for­tement déçue de la pusil­la­nimité euro­péenne face à l’Etat juif, ait une lecture aussi bénigne de ce ren­for­cement de l’association entre Israël et l’UE.

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