samedi 9 mars 2013

"Les prisonnières palestiniennes souffrent très dangereusement dans les prisons israéliennes"

"Les prisonnières palestiniennes souffrent très dangereusement dans les prisons israéliennes"
Salah Hamouri, vendredi 8 mars 2013


Woroud Qasem est une Palestinienne de 26 ans, originaire de la ville de Tira. Malgré son jeune âge, Woroud a passé 6 années dans les geôles israéliennes. Libérée le 9 août dernier, elle m’a accordé une interview sur ses conditions de détention et les luttes menées avec ses codétenues. 4812 Palestiniens sont actuellement détenus dans les geôles israéliennes parmi lesquels 12 femmes. À sa sortie, Woroud avait déclaré : "Ma joie ne sera pas totale tant que tous les prisonniers détenus dans les prisons de l’occupation qui continuent de souffrir, ne seront pas libérés". Interview d’une résistante.


Quelles sont les conditions d’emprisonnementdans les prisons de l’occupation ?

Les prisonnières palestiniennes souffrent très dangereusement dans les prisons israéliennes parce que elles sont isolées et peu nombreuses. Cela s’est aggravé suite à l’échange des prisonniers contre G.Shalit. En effet, après cet échange, des prisonnières de droit commun israéliennes ont été misés dans la même section que nous. Alors depuis ce mélange, les prisonnières palestiniennes subissent quotidiennement des insultes, des injures racistes, ainsi que des appels à la mort des arabes, des nombreuses insultes qui les blessent. Le pire a été atteint quand une prisonnière israélienne a essayé de tuer une mineure palestinienne qui s’appelle Alaa Jubeh, elle n’avait pas 17 ans à l’époque. Une prisonnière israélienne a essayé de la tuer et nous avons donc protesté et réagi rapidement pour que cette violence cesse. Ensuite, nous avons porté plainte contre l’administration de la prison et contre cette prisonnière israélienne. Mais les israéliens ont dit que cette prisonnière était folle, atteinte de troubles psychologiques et ils ont rejeté notre plainte…

Est-​​ce que les détenues musulmanes peuvent pratiquer leur religion librement ?

Les prisonnières palestiniennes rencontrent des obstacles pour pratiquer leur croyance religieuse. Il est interdit de faire la prière en dehors de la chambre (dans la cour par exemple), sous le prétexte qu’un rassemblement dans la cour représente un danger pour la sécurité. Les filles religieuses souffraient de ne pas pouvoir circuler librement dans la section, contraintes de porter le hijab tout le temps, à cause de la présence de gardiens masculins, alors que la peau et les cheveux ont besoin d’être à l’air libre. Il arrivait également que les gardiens rentrent en pleine soirée dans la section, pour des raisons de sécurité.

L’an dernier, avec 5 autres prisonnières, vous avez boycotté l’hôpital de la prison pour dénoncer les maltraitantes médicales dans les prisons, pouvez-​​vous nous en dire plus ?

La négligence médicale est une politique qui continue dans les prisons israéliennes. La preuve c’est qu’il y a encore des morts dans les sections d’isolement ainsi qu’à l’hôpital de Ramleh, qui n’est d’ailleurs pas un hôpital. Moi personnellement j’ai souffert de cette négligence médicale, j’avais de nombreuses douleurs aux os. Après une longue période, j’ai découvert qu’il me faillait de la vitamine D, car je ne voyais pas assez le soleil, et à cause de l’humidité des cellules parce que le soleil n’arrive pas souvent dans nos chambres.

Quand ils ont décidé de m’envoyer à la prison de Ramleh pour me soigner, ils m’ont dit, que la seule place disponible était la-​​bas avec les prisonnières de droit commun israéliennes. J’y aurait été isolée dans une pièce qui ne mesure pas plus de 2 mètres carrés. Alors j’ai refusé et je me suis dit je préférais mourir dignement avec les combattantes de mon peuple plutôt que d’être soignée avec ces prisonnières qui m’insultent.

Juste avant ma libération, la prisonnière Lina al Jarbouni, condamnée à 17 ans et qui en a purgé 10, pleurait comme un enfant à cause de la douleur. Elle perdait souvent connaissance. L’administration de la prison n’a rien fait. Même la nuit où le mal s’est aggravé, il n’y avait aucun docteur pour la soigner. Elle ne pouvait ni dormir ni manger, elle a perdu au moins 15 kg. Le docteur de la prison a utilisé son corps pour tester des médicaments, des somnifères et d’autres médicaments. Mais ces médicaments n’ont rien fait contre le mal. Elle a continué à souffrir et à souffrir. On a demandé de nombreuses fois à la prison de Asharon de la transférer à l’hôpital. Juste après que l’on ait menacé de faire une grande grève de la faim, et après des pressions sur l’administration de la prison, ils ont décidé de la transférer à l’hôpital Mair à Kfar-​​saba. Là-​​bas, ils ont découvert qu’elle avait besoin d’une opération à cause d’une grave maladie du foie. Mais avant l’opération elle avait besoin d’un traitement spécifique, les docteurs lui ont dit qu’elle devait rester à l’hôpital pour le traitement avant l’opération, mais l’administration pénitentiaire est intervenue et ils l’ont remis en prison. Avant de la remettre en prison, les docteurs ont demandé aux gardiens de lui donner des médicaments et de la nourriture adaptée mais les gardiens n’ont jamais respecté cette consigne. La maladie s’est aggravée de plus en plus, alors moi et les autres camarades de la prison, nous avons entamé une grève de la faim. L’administration a essayé de négocier avec nous, mais nous avons refusé, la seule solution pour que nous arrêtions était qu’ils la transfèrent a l’hôpital et ils ont fini par la transférer. Elle a ensuite été opérée.

Comment les militants internationaux peuvent agir pour aider réellement les prisonniers Palestiniens ?

On demande à tous nos frères, nos soeurs et nos camarades à travers le monde de se mobiliser. Aux combattants qui se mobilisent contre l’oppression, à toutes les personnes qui croient en la cause palestinienne, à ceux qui sont main dans la main avec leurs frères palestiniens, de se mobiliser autour la cause des prisonniers et de faire bouger les choses dans leur pays. Sensibiliser leur peuple et demander à leurs dirigeants et à leurs gouvernements de trouver une solution rapide pour la libération de tous les prisonniers politiques Palestiniens, des prisonnières qui souffrent beaucoup ainsi que des prisonniers en grève de la faim.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire