Des marionnettes du monde entier volent au secours d'un festival pour enfants à Jérusalem-Est
“Je ne suis pas une menace sécuritaire !” C’est le message adressé au monde depuis Israël par des marionnettes - certes un peu aidées par des marionnettistes. Le but : dénoncer l’interdiction par le gouvernement israélien d’un festival de théâtre à Jérusalem-Est.
Bien que l’annulation remonte à une semaine, les protestations continuent, notamment depuis que les marionnettistes de la version israélienne du célèbre show américain "Sesame Street" ("1, rue Sésame", en français) ont lancé une campagne en ligne pour rassembler les marionnettistes du monde entier derrière leur cause. Leur pétition (en hébreu ou en anglais) a recueilli pour l’instant 4 000 signatures et ils ont reçu des centaines de photos de marionnettistes sur leur page Facebook.
Le festival annuel de marionnettes, qui s'est tenu pendant 18 ans sans interruption au théâtre Hawkati à Jérusalem-Est - considéré comme le théâtre national palestinien - devait commencer le 22 juin et durer huit jours. Les pièces, qui incluaient des spectacles de marionnettes, devaient être jouées par des artistes arabes israéliens, palestiniens, français, turcs et scandinaves.
Mais voilà : le festival a été bloqué par un arrêté du ministre israélien de la Sécurité publique, Yitzhak Aharonovitch , qui a fait valoir qu’il était organisé "avec le soutien de l’Autorité palestinienne", sans autorisation écrite des autorités israéliennes, ce que requièrent les accords d’Oslo signés entre Israël et l’Autorité palestinienne en 1994.
Le directeur du théâtre, Mohamed Halayka, n’a pour sa part eu de cesse de nier cette accusation, expliquant que le festival est soutenu par la représentation norvégienne à Ramallah, de même que par des entreprises privées palestiniennes et une ONG palestinienne. Contacté par le quotidien israélien "Haaretz", une porte-parole du ministère a refusé de dire si le gouvernement était en possession de preuves démontrant le lien entre l’Autorité palestinienne et le festival. De son côté, le théâtre a engagé un avocat pour contester l’annulation.
En parallèle, Ysef Alulu, membre du conseil municipal de Jérusalem, qui s’occupe de l’action culturelle de la ville, a fait valoir son désaccord avec le gouvernement. "Je sais combien d’argent est dépensé à Jérusalem-Ouest" a-t-il déclaré au magazine 972, une façon de souligner le peu d’évènements culturels organisés pour les enfants à Jérusalem-Est. "Nous avons deux Jérusalem divisées" a-t-il ajouté.
"Quel est l’intérêt d’annuler des spectacles que les enfants apprécient, et qui n’ont absolument rien à voir avec la politique ?"
Ariel Doron est acteur et prête sa voix à Elmo dans la version israélienne de "Sesame Street". Avec son collègue Youssef Sweid, qui s’occupe des voix dans la version arabe de l’émission, il a créé la page Facebook "Puppets4all" pour dénoncer l’annulation du festival. Il vit à Jaffa, près de Tel Aviv.
Ce photomontage ironique dans lequel apparaissent les marionettes de "Sesame Street" a été diffusé sur Facebook ces derniers jours. Par John Brown.
MONDE - le 5 Juillet 2013
L’État israélien s’en prend à la culture à Jérusalem
Mots clés : palestine, jérusalem, Israël-Palestine, c'est un scandale!,
Le gouvernement israélien a interdit la tenue du festival de marionnettes du Théâtre national palestinien.
Le Théâtre national palestinien de Jérusalem, situé à l’est de la ville, en territoire occupé, a dû fermer ses portes pendant la durée programmée, du 22 au 30 juin, de son festival international de marionnettes pour les enfants. Les autorités israéliennes en ont décidé ainsi, ajoutant la privation d’accès à la culture aux très nombreux maux de l’occupation qu’elles pratiquent. Depuis de nombreuses années pourtant, ce festival réunissait des artistes de troupes israélo-arabes et d’autres venues de différents pays, notamment européens, et était l’occasion pour les enfants de la ville de participer à sa préparation grâce aux ateliers organisés par le théâtre en amont de la rencontre. Mais cette fois, l’État israélien a trouvé un prétexte pour purement et simplement interdire sa tenue. C’est un ordre du ministre israélien de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, selon la presse, qui serait à l’origine de cette mesure drastique.
Son ministère a argué, pour justifier sa décision, que ces « activités étaient organisées sous les auspices de l’Autorité palestinienne ». Un parrainage supposé jugé illégal par Israël, dont la décision est considérée comme « honteuse » par le directeur du théâtre Al-Hakawati. Mohammed Halayqa en a, d’ailleurs, précisé les circonstances : « Ils m’ont dit que, selon leurs sources, l’événement était financé par l’Autorité palestinienne et j’ai reçu un ordre de fermeture du théâtre durant la semaine du festival pour en empêcher la tenue. » Le responsable de la structure a également affirmé que l’Autorité palestinienne n’était en aucun cas pourvoyeuse de ressources pour ce festival. Celui-ci étant alimenté par des dons privés en provenance de l’étranger.
Par ailleurs, certaines subventions, notamment européennes, auraient pu passer par un ministère palestinien pour des raisons administratives, sans que l’Autorité ne participe en rien au financement ni à l’organisation de ce festival. Mais au-delà, ce prétexte choisi par le gouvernement israélien montre comment celui-ci cherche en permanence à limiter les prérogatives de ce qui devrait être un embryon de futur État palestinien. Une attitude symptomatique de sa politique, encore accrue ses jours-ci, de colonisation et d’occupation.
Un rassemblement a eu lieu vendredi dernier réunissant à la fois des Palestiniens et des Israéliens, notamment la directrice du Théâtre pour enfants de Jérusalem-Ouest. Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, qui conduisait une délégation de son parti en Palestine du 27 juin au 2 juillet, y a également participé et a assuré la direction du théâtre de sa solidarité contre « cette mesure inacceptable et imbécile ». « C’est un crime, a-t-il ajouté, contre la culture et contre les enfants de cette ville qui ont pourtant tant besoin de bonheur. »
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