mardi 15 juillet 2014

Nous publions les chroniques que Michael Warshawski (AIC) publie sur sa page Facebook


Michel Warschawski (Mikado) (né en 1949 à Strasbourg) est un journaliste et un militant pacifiste israélien, co-fondateur et président du Centre d'information alternative de Jérusalem. Anti-sioniste, il souhaite le remplacement d'Israël comme État juif par un État binational .
Fils du grand-rabbin du Bas-Rhin Max Warschawski, Michel Warschawski passe ses premières années à Strasbourg. Il décide à 16 ans de partir pour Jérusalem où il entreprend des études talmudiques. En 1967, il adhère à l’Organisation socialiste israélienne, plus connue sous le nom de Matzpen, le nom de son journal mensuel. Il crée en 1984, pour Matzpen, le Centre d'information alternative (AIC), qui rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes. En 1989, il est condamné à vingt mois de prison ferme pour « prestations de services à organisations illégales », pour avoir imprimé des tracts relatifs à l'organisation palestinienne Front populaire de libération de la Palestine de Georges Habache, organisation placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des États-Unis d'Amérique et de l'Union européenne. Depuis lors, il continue son activité au sein de l'AIC. Il donne, entre 2003 et 2005, une série de conférences sur le conflit israélo-palestinien dans une vingtaine de grandes villes françaises et leurs banlieues (centres associatifs, écoles) avec Dominique Vidal du Monde diplomatique et Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne. La présence de ces intervenants au sein d'établissements publics crée une polémique, notamment à travers des tribunes dans Le Figaro ou France-Israël et les réunions sont interdites dans les établissements scolaires.
Entre septembre 2008 et avril 2010, il est chroniqueur dans le journal satirique Siné Hebdo.
Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.
Il est marié à l'avocate israélienne Leah Tsemel, spécialiste de la défense des prisonniers palestiniens, avec laquelle il a deux enfants. Il a par ailleurs un autre enfant d'un précédent mariage.
Michel Warschawski à qui l'on demande s'il est attaché à l'État d'Israël, déclare, en 2005, qu'« il aime Israël comme on aime l'enfant d'un viol. On ne peut en vouloir à l'enfant des circonstances de sa conception. »




Chronique d'une agression criminelle (1)
Mercredi 9 juillet: C'est la guerre?
Mardi soir, je rentrais d'Europe ou j'avais passé quelques jours. En route vers Jerusalem, j'ouvre la radio et realise que c'est la guerre, ou plutôt que les dirigeants israeliens viennent de declarer la guerre, une guerre preparee de longue date et qu'ils attendaient avec impatience. Le pretexte – represaille contre l'enlevement et la liquidation de trois jeunes colons dans la region de Bethlehem. L'objectif – repousser sine die toute velleite internationale de pousser Israel a des negociations avec la direction palestinienne. L'objectif – Gaza, sense etre le Hamasland.
La politique de Netanyahou est cousue de gros fil: apres avoir accuse Mahmoud Abbas d'etre responsable de l'enlevement des jeunes colons, et etre rappele a l'ordre par les Etats-Unis (et les cercles securitaires israeliens) pour cette accusation aussi grossiere que stupide, il pointe le Hamas, qui pourtant n'avait aucun interet dans une telle operation. Accuser le Hamas, c'est decider de bombarder, une fois de plus, la population de Gaza, comme si le siege crimminel auquel elle est soumise depuis bientôt dix ans ne suffisait pas.
En arriere fond: forcer le President Abbas a casser le gouvernement d'union nationale et se decredibiliser ainsi encore d'avantage aux yeux de l'opinion palestinienne, ou apparaitre comme solidaire du Hamas, et perdre alors des points dans la communaute internationale. Pour le President palestinien c'est "a tous les coups on perd", a loose loose game diraient les anglo-saxons. C'est a cela, et rien d'autre, que se resume la politique du trio Netanyahou-Lieberman-Benett, repousser une fois de plus l'eventualite de pressions internationales pour que s'ouvrent des negociations avec les Palestiniens.
Le ton et les mots utilises par le Premier Ministre israelien sont guerriers, et l'annonce de la mobilisation de 40,000 reservistes montre que Netanyahou veut jouer a la guerre. Jouer, car pour qu'il y ait guerre, il faut un minimum d'equilibre dans le rapport de forces, un equilibre inexistant. C'est donc, une fois de plus, a un massacre qu'il faut s'attendre, dont la population civile de Gaza fera les frais. Pauvre Gaza!


Chronique d'une agression criminelle (2)
Jeudi 10 juillet: Deuil 
L'assassinat sauvage du jeune Muhammad Abu Khdeir par des adolescents israeliens est aussi une histoire personnelle: deux de ses tantes, Abir et Hanna, ont fait partie de l'equipe de l'AIC, et la famille Abu Khdeir, liee au FPLP, a entretenu des relations politiques etroites avec l'AIC pendant plus de decennies. 
Peut-etre parce que c'est aussi une histoire personnelle, j'ai decide de faire ma visite de condoleances avec mon gendre Hillel et mon neveu Noam. Les Israeliens ne sont pas les bienvenus chez les Abou Khdeir, et hier plusieurs visiteurs israeliens ont été pries de faire demi-tour. Pourtant, après une discussion assez animée au sein de la famille, on a finalement decide de recevoir tous ceux qui viennent exprimer leur sympathie. C'est ce que me raconte Walid, un des oncles du jeune Muhammad. "Pourtant, ajoute-t-il, il y a une limite a tout: Sara Netanyahou nous a dit qu'elle voulait venir, en tant que mere a-t-elle juge bon d'ajouter… On lui a repondu qu'on ne pourra pas garantir sa securite, et qu'elle ferait bien de penser aux meres de Gaza que son mari est en train de bombarder…"
Les murs du "Azza", la tente du deuil, sont couverts de portraits de Muhammad et de drapeaux du FLP, et les nombreux visiteurs, qui venus de toute la Cisjordanie, ont le regard plus severe que triste. Car Muhammad a été sauvagement torture avant d'etre assassine, a tel point que Walid, qui a été appele par la police pour identifier les restes du jeune adolescent, a empeche le père du martyr de voir le corps de son fils. 
C'est l'heure de la priere du soir, et nous quittons le Azza. Sur la route qui mene du quartier de Shuafat au centre ville, artere principale du nord de Jerusalem ou passe le tram, il ne reste pas une station qui n'ait été brulee, pas un signe de presence israelienne qui n'ait été saccage. Car les Abou Khdeir, la plus grande famille de Shuafat, ne sont pas des tendres, et les connaissant, je peux dire sans risque de me tromper que les comptes ne sont pas encore regles. 
En attendant, dans tout Jerusalem Est, les confrontations entre jeunes palestiniens et police israelienne sont permanentes. Les contre coups de l 'assassinat de Mohammad Abu Khdeir sont loin d'etre derriere nous.

Chronique d'une agression criminelle (3)


Vendredi 11 juillet: Les Israéliens veulent bien la guerre, mais pas en payer le prix…

Même pas une semaine d'agression criminelle contre la population de Gaza, que l'on peut déjà faire un premier bilan: Israël a raté son coup, et, malgré la supériorité militaire écrasante de l'Etat hébreu, c'est le Hamas qui a gagné cette manche. Les tonnes de bombes déversées sur le minuscule territoire de Gaza n'ont pas réussi à empêcher les résistants palestiniens de riposter par des centaines de roquettes qui parviennent a toucher des villes aussi éloignées que Hédéra voire Jérusalem.

Depuis quatre jours, plus d'un demi million d’Israéliens courent plusieurs fois par jour vers les abris pour se protéger des roquettes tirées de la Bande de Gaza, et toute la force de feu israélienne ne parvient pas a mettre fin a une situation qui déréglé le quotidien des habitants.

Benjamin Netanyahou et son ame damnée Naftali Benett ont beau crier matins et soirs qu'ils vont liquider "une fois pour toute" les capacités militaires du Hamas, ce qui se dessine en réalité c'est un nouvel accord entre Israël et le Hamas, par l’intermédiaire du régime militaire égyptien. En attendant, ce sont des dizaines de civils Gazaouis qui payent le prix de l'agression israélienne.
Il est indéniable que la grande majorité des Israéliens soutient les attaques contre Gaza, perçues comme une riposte aux roquettes tirées sur les localités de ce qu'on appelle "l'enveloppe de Gaza". Mais elle voudrait que le jeu soit unilatéral, ce qui n'est pas le cas. Si l'on prend l'agression contre le Liban en 2006 pour exemple, on se souviendra que des que le Hezbollah a riposte aux bombardements israéliens, l'opinion publique israélienne, d'abord favorable, a retourne sa veste: on veut bien la guerre, mais pas en payer le prix. C'est le lot des pays forts et riches: leurs capacités à prendre des coups est des plus limitées. A l'inverse, les populations des pays ayant du prendre l'habitude de se faire agresser développent des capacités de résilience souvent surprenantes.

Pour les Gazaouis, il s'agit maintenant de tenir bon quelques jours de plus, auquel cas la campagne militaire lancée par le gouvernement Netanyahou sera une nouvelle défaite de la politique d'agression israélienne.

Il reste cependant une option supplémentaire, défendue par le général de réserve (et conseiller militaire de Netanyahou) Amidror: une invasion de la Bande de Gaza avec comme objectif une occupation militaire a long terme, "comme en Cisjordanie" ajoute-t-il. En écoutant ce personnage connu pour son fanatisme et le peu de cas qu;il fait des victimes palestiniennes mais aussi israéliennes, on aurait envie de lui répondre: chiche!

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