PRISONNIERS POLITIQUES
PALESTINIENS
La
situation des prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes
est dramatique, en violation avec les droits de l’homme et le droit
international.
Le
seul tort des prisonniers est de résister à la colonisation israélienne, à la répression et d’agir pour l’application
de leurs droits.
Depuis
1967, année d’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, 800 000
palestiniens, dont 25 000 enfants et
12 000 femmes (certaines ont accouché en prison) ont été emprisonnés. C’est
plus de 20% de la population totale et 40% de la population masculine.
Aujourd’hui,
Israël détient arbitrairement 4 699 palestiniens dont 319 en détention
administrative, 138 mineurs de 12 à 16 ans, 27 députés et 8 femmes. Sur ce
nombre, 533 prisonniers ont été condamnés 2 fois à perpétuité et 456 à plus de 20 ans de prison.
Karim YOUNES, le plus vieux prisonnier du monde a plus de 30 ans de détention.
La politique israélienne d’arrestation massive
correspond à une stratégie d’Israël et à une volonté de banaliser l’acte
d’emprisonnement. Les arrestations doivent devenir le quotidien de la société
palestinienne. Il n’y a pas une famille qui n’ait pas son prisonnier. Le but est d'épuiser la population afin
d’annihiler toute volonté de résistance.
La
détention administrative est illégale et arbitraire
Un
mot pour rappeler ce qu’est la détention administrative. Selon la loi
israélienne, c’est une procédure qui permet aux institutions israéliennes de
détenir des prisonniers, si elles le souhaitent
indéfiniment, sur la base de preuves classées secret défense. Cette mesure
permet de détenir un individu pendant 6 mois renouvelables, sans que lui soit jamais notifiée la moindre charge.
Ce
sont des actes arbitraires et inhumains contraires aux droits de l’homme. Nous estimons que la communauté
internationale doit se prononcer clairement sur la fin de cette pratique, afin
que tous les détenus administratifs soient libérés sans condition. Survivance
des lois coloniales britanniques, la détention administrative est connue comme
étant la plus sévère des mesures.
La torture est
institutionnalisée
Pire
encore, il y a quelques mois, la cour suprême d’Israël a autorisé l’usage de la
torture ! Pouvons-nous imaginer une
telle mesure !!!! En effet, la cour a annulé les charges
retenues contre des officiers israéliens suite à des méthodes
d’interrogation illégales. La cour suprême a autorisé l’utilisation de la
torture pour interroger les suspects. Ces méthodes inhumaines conduisent les
prisonniers épuisés, prostrés lors de
ses interrogatoires à avouer des fautes qu’ils n’ont pas commises.
Pourquoi des députés sont emprisonnés ?
27
membres du Parlement palestinien sont actuellement en prison, dont 20 en
détention administrative. Ces parlementaires sont issus de tous les partis
politiques palestiniens, tous interdits en Israël. La
politique d’arrestation des députés vise à délégitimer les institutions
politiques palestiniennes en banalisant leur fonction. L’exemple du député du
Fatah Marwan BARGHOUTI est le plus marquant. Il est en effet 5 fois condamné à la
prison à perpétuité pour « terrorisme présumé ».
La
situation des enfants palestiniens est particulièrement préoccupante
Plus
de 700 enfants âgés entre 12 et 17 ans sont déférés chaque année devant les
tribunaux israéliens sous l’accusation de jets de pierre contre les soldats
indique, dans son rapport du 20 mars 2012, l’ONG DEI (Défense des enfants
international). Par ailleurs, pour l’ONG israélienne B’TSELEM : entre 2005
et 2010 sur les 835 mineurs condamnés, un seul a été acquitté ; 138
d’entre eux croupissent encore aujourd’hui en prison. Pire, sur la base de 311
témoignages d’anciens enfants détenus, DEI indique que 75% ont subi des
violences et des tortures, certains ayant été interrogés les yeux bandés et les
mains attachées derrière le dos, en l’absence de leurs parents. 116 ont entre
14 et 15 ans au moment de leur détention.
ABOU
MADI, 10 ans, SALEH 9 ans, MOHAMMAD 15 ans et son frère ALA 17 ans, JAMAL
JABER, 17 ans AMADH ODEH 13 ans et tant d’autres…sont des enfants palestiniens
arrêtés, emprisonnés et frappés. Vous trouverez sur le mur de la salle la description de leurs situations. C’est toujours le même scénario : la police
israélienne ou les militaires opèrent des rafles d’enfants dans les rues, à
domicile, n’importe où, n’importe quand en les accusant d’avoir jeté des
pierres…Lors de notre voyage en décembre 2012, nous avons rencontré 2 enfants
de 9 et 13 ans qui ont été kidnappés, battus, menacés, effrayés. L’un a eu le
bras cassé et tous 2 ont des séquelles psychologiques. D’autres encore, ont
subi des tortures, ou des décharges électriques. Comme à chaque fois, pour leur
libération, les israéliens exigent une forte somme d’argent (1 000 shéquels). Ces enfants devront retourner en
prison à leur majorité pour être
jugés. Ils sont fichés à vie.
Comment
peuvent-ils avoir un avenir, en ayant
sur leur tête cette épée de Damoclès ?
Le
sort des femmes palestiniennes est extrêmement préoccupant.
Les
femmes subissent des abus verbaux et sexuels. Le comportement des israéliens
vise à déshumaniser les prisonnières, exacerber leur peur en jouant sur les
normes culturelles et les coutumes palestiniennes. Méprisées, les prisonnières
sont placées en détention avec des prisonnières israéliennes jugées pour crime.
Cette pratique est illégale. Le cas d’Hanh SHALABI illustre la situation de
nombreuses prisonnières. Elle a été arrêtée en pleine nuit, jetée dans une
voiture, enchainée, déshabillée et humiliée par des soldats. Elle a connu des
jours d’isolement, des heures d’interrogatoires attachée à une chaise, pieds et
mains liés attachés derrière le dos, battue. Elle a entamé une grève de la faim.
La
dernière arme des prisonniers palestiniens : la grève de la faim
Depuis
le 17 avril, 2 000 prisonniers mènent une grève de la faim pour protester
contre leurs conditions de vie inhumaine et pour leur dignité. D’autres, ont
commencé le 1er mars et arrivent à un seuil critique pour leur
survie. Ce mouvement très massif et revendiquant des droits humains les plus
élémentaires dévoile la gravité des atteintes aux droits de l’homme et la
souffrance de ces êtres humains. Ils se battent également contre le
durcissement des conditions de détention : bastonnades, tortures,
brimades, refus de libérer des détenus atteints de maladies incurables,
chantage aux soins, confiscations d’objets personnels, placement au secret,
refus des visites familiales, refus d’accès à la lecture et aux médias,
transfert vers d’autres prisons.
Selon
ADDAMER, ONG spécialisée dans la défense des détenus palestiniens que nous
avons rencontrée en décembre 2012 en Palestine, la brimade suprême est la
confiscation du sel dans l’eau, pourtant nécessaire à l’alimentation des
grévistes.
Le
mouvement de grève s’est étendu à 17 prisons. 3 500 prisonniers devraient
rejoindre le mouvement. Le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de
l’homme dans les territoires occupés, Richard FALK a déclaré « je suis écoeuré par les violations continues
des droits de l’homme dans les prisons israéliennes».
Cette
répression se heurte à un block out médiatique international : personne
dans le monde et en France, ne parle de la situation des prisonniers
politiques, des grévistes de la faim et des enfants prisonniers. Le président
de l’autorité palestinienne Mahmoud ABBAS a décidé d’internationaliser la
question des prisonniers palestiniens et de la soumettre à l’assemblée générale
de l’ONU. Pour lui, la question des prisonniers est urgente « ce qui se passe dans les prisons
israéliennes n’est pas humain et il faut sans tarder y mettre fin ».
Quelles perspectives et
comment agir ?
Cette problématique est directement liée à la
reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien par l’ONU et par la France. Cette situation inhumaine
appelle un vaste mouvement de solidarité. En tant que citoyen et adhérent de
l’association « Aulnay Palestine Solidarité », nous vous appelons à
soutenir sans réserve la lutte du peuple palestinien et à développer des actions
pour faire pression sur l’Etat français et les élus locaux afin d’obtenir :
-
l’abolition du régime illégal de la détention administrative,
-
l’abandon de ces pratiques qui violent les droits les plus élémentaires,
-
la fin des cellules d’isolement, la libération de tous les prisonniers
politiques palestiniens
-
et enfin, la reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien.
C’est
pourquoi, nous proposons qu’APS lance une grande campagne de solidarité, de
mobilisation et d’actions, en vous invitant à :
- Signer la pétition du « collectif
pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » en
faveur des prisonniers politiques,
- Adopter l’appel « agissons pour
sauver les grévistes de la faim »,
- Envoyer un courrier aux présidents des
groupes politiques de la ville d’Aulnay sur la question des prisonniers,
ainsi qu’aux candidats aux élections législatives d’Aulnay leur demandant
d’intervenir pour que les autorités israéliennes abandonnent leurs
pratiques qui violent les droits de l’homme.
- Envoyer un courrier identique à
François HOLLANDE, président de la République française, en intégrant la demande de reconnaissance
immédiate de l’Etat palestinien.
- Parrainer des enfants prisonniers,
selon des formes à déterminer, en partenariat avec Fadwa KADER de
l’association SUN FLOWER.
Intervention de Christine Hernandez à l'assemblée générale de l’APS
du 11 mai 2012.
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