mercredi 23 mai 2012

Retour sur l'assemblée Générale du 11 mai 2011 : Introduction sur la situation des prisonniers politiques


PRISONNIERS POLITIQUES PALESTINIENS



La situation des prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes est dramatique, en violation avec les droits de l’homme et le droit international.

Le seul tort des prisonniers est de résister à la colonisation israélienne,  à la répression et d’agir pour l’application de leurs droits.

Depuis 1967, année d’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, 800 000 palestiniens,  dont 25 000 enfants et 12 000 femmes (certaines ont accouché en prison) ont été emprisonnés. C’est plus de 20% de la population totale et 40% de la population masculine.

Aujourd’hui, Israël détient arbitrairement 4 699 palestiniens dont 319 en détention administrative, 138 mineurs de 12 à 16 ans, 27 députés et 8 femmes. Sur ce nombre, 533 prisonniers ont été condamnés 2 fois à perpétuité et 456 à plus de 20 ans de prison. Karim YOUNES, le plus vieux prisonnier du monde a plus de 30 ans de détention.

La politique israélienne d’arrestation massive correspond à une stratégie d’Israël et à une volonté de banaliser l’acte d’emprisonnement. Les arrestations doivent devenir le quotidien de la société palestinienne. Il n’y a pas une famille qui n’ait pas son prisonnier. Le but est d'épuiser la population afin d’annihiler toute volonté de résistance.

La détention administrative est illégale et arbitraire

Un mot pour rappeler ce qu’est la détention administrative. Selon la loi israélienne, c’est une procédure qui permet aux institutions israéliennes de détenir des prisonniers, si elles le souhaitent indéfiniment, sur la base de preuves classées secret défense. Cette mesure permet de détenir un individu pendant 6 mois renouvelables, sans que lui soit jamais notifiée la moindre charge.

Ce sont des actes arbitraires et inhumains contraires aux droits de l’homme. Nous estimons que la communauté internationale doit se prononcer clairement sur la fin de cette pratique, afin que tous les détenus administratifs soient libérés sans condition. Survivance des lois coloniales britanniques, la détention administrative est connue comme étant la plus sévère des mesures.

La torture est institutionnalisée

Pire encore, il y a quelques mois, la cour suprême d’Israël a autorisé l’usage de la torture ! Pouvons-nous imaginer une telle mesure !!!! En effet, la cour a annulé les charges retenues contre des officiers israéliens suite à des méthodes d’interrogation illégales. La cour suprême a autorisé l’utilisation de la torture pour interroger les suspects. Ces méthodes inhumaines conduisent les prisonniers épuisés, prostrés lors de ses interrogatoires à avouer des fautes qu’ils n’ont pas commises.

Pourquoi des députés sont emprisonnés ?

27 membres du Parlement palestinien sont actuellement en prison, dont 20 en détention administrative. Ces parlementaires sont issus de tous les partis politiques palestiniens, tous interdits en Israël. La politique d’arrestation des députés vise à délégitimer les institutions politiques palestiniennes en banalisant leur fonction. L’exemple du député du Fatah Marwan BARGHOUTI est le plus marquant. Il est en effet 5 fois condamné à la prison à perpétuité pour « terrorisme présumé ».

La situation des enfants palestiniens est particulièrement préoccupante

Plus de 700 enfants âgés entre 12 et 17 ans sont déférés chaque année devant les tribunaux israéliens sous l’accusation de jets de pierre contre les soldats indique, dans son rapport du 20 mars 2012, l’ONG DEI (Défense des enfants international). Par ailleurs, pour l’ONG israélienne B’TSELEM : entre 2005 et 2010 sur les 835 mineurs condamnés, un seul a été acquitté ; 138 d’entre eux croupissent encore aujourd’hui en prison. Pire, sur la base de 311 témoignages d’anciens enfants détenus, DEI indique que 75% ont subi des violences et des tortures, certains ayant été interrogés les yeux bandés et les mains attachées derrière le dos, en l’absence de leurs parents. 116 ont entre 14 et 15 ans au moment de leur détention.

ABOU MADI, 10 ans, SALEH 9 ans, MOHAMMAD 15 ans et son frère ALA 17 ans, JAMAL JABER, 17 ans AMADH ODEH 13 ans et tant d’autres…sont des enfants palestiniens arrêtés, emprisonnés et frappés. Vous trouverez sur le mur de la salle la description de leurs situations.  C’est toujours le même scénario : la police israélienne ou les militaires opèrent des rafles d’enfants dans les rues, à domicile, n’importe où, n’importe quand en les accusant d’avoir jeté des pierres…Lors de notre voyage en décembre 2012, nous avons rencontré 2 enfants de 9 et 13 ans qui ont été kidnappés, battus, menacés, effrayés. L’un a eu le bras cassé et tous 2 ont des séquelles psychologiques. D’autres encore, ont subi des tortures, ou des décharges électriques. Comme à chaque fois, pour leur libération, les israéliens exigent une forte somme d’argent (1 000 shéquels). Ces enfants devront retourner en prison à leur majorité pour être jugés. Ils sont fichés à vie.

Comment peuvent-ils avoir un avenir, en ayant sur leur tête cette épée de Damoclès ?

Le sort des femmes palestiniennes est extrêmement préoccupant.

Les femmes subissent des abus verbaux et sexuels. Le comportement des israéliens vise à déshumaniser les prisonnières, exacerber leur peur en jouant sur les normes culturelles et les coutumes palestiniennes. Méprisées, les prisonnières sont placées en détention avec des prisonnières israéliennes jugées pour crime. Cette pratique est illégale. Le cas d’Hanh SHALABI illustre la situation de nombreuses prisonnières. Elle a été arrêtée en pleine nuit, jetée dans une voiture, enchainée, déshabillée et humiliée par des soldats. Elle a connu des jours d’isolement, des heures d’interrogatoires attachée à une chaise, pieds et mains liés attachés derrière le dos, battue. Elle a entamé une grève de la faim.

La dernière arme des prisonniers palestiniens : la grève de la faim

Depuis le 17 avril, 2 000 prisonniers mènent une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de vie inhumaine et pour leur dignité. D’autres, ont commencé le 1er mars et arrivent à un seuil critique pour leur survie. Ce mouvement très massif et revendiquant des droits humains les plus élémentaires dévoile la gravité des atteintes aux droits de l’homme et la souffrance de ces êtres humains. Ils se battent également contre le durcissement des conditions de détention : bastonnades, tortures, brimades, refus de libérer des détenus atteints de maladies incurables, chantage aux soins, confiscations d’objets personnels, placement au secret, refus des visites familiales, refus d’accès à la lecture et aux médias, transfert vers d’autres prisons.

Selon ADDAMER, ONG spécialisée dans la défense des détenus palestiniens que nous avons rencontrée en décembre 2012 en Palestine, la brimade suprême est la confiscation du sel dans l’eau, pourtant nécessaire à l’alimentation des grévistes.

Le mouvement de grève s’est étendu à 17 prisons. 3 500 prisonniers devraient rejoindre le mouvement. Le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme dans les territoires occupés, Richard FALK a déclaré « je suis écoeuré par les violations continues des droits de l’homme dans les prisons israéliennes».

Cette répression se heurte à un block out médiatique international : personne dans le monde et en France, ne parle de la situation des prisonniers politiques, des grévistes de la faim et des enfants prisonniers. Le président de l’autorité palestinienne Mahmoud ABBAS a décidé d’internationaliser la question des prisonniers palestiniens et de la soumettre à l’assemblée générale de l’ONU. Pour lui, la question des prisonniers est urgente « ce qui se passe dans les prisons israéliennes n’est pas humain et il faut sans tarder y mettre fin ».

Quelles perspectives et comment agir ?

Cette problématique est directement liée à la reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien par l’ONU et par la France. Cette situation inhumaine appelle un vaste mouvement de solidarité. En tant que citoyen et adhérent de l’association « Aulnay Palestine Solidarité », nous vous appelons à soutenir sans réserve la lutte du peuple palestinien et à développer des actions pour faire pression sur l’Etat français et les élus locaux afin d’obtenir :

-       l’abolition du régime illégal de la détention administrative,
-       l’abandon de ces pratiques qui violent les droits les plus élémentaires,
-       la fin des cellules d’isolement, la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens
-       et enfin, la reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien.

C’est pourquoi, nous proposons qu’APS lance une grande campagne de solidarité, de mobilisation et d’actions, en vous invitant à :


  • Signer la pétition du « collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » en faveur des prisonniers politiques,

  • Adopter l’appel « agissons pour sauver les grévistes de la faim »,

  • Envoyer un courrier aux présidents des groupes politiques de la ville d’Aulnay sur la question des prisonniers, ainsi qu’aux candidats aux élections législatives d’Aulnay leur demandant d’intervenir pour que les autorités israéliennes abandonnent leurs pratiques qui violent les droits de l’homme.

  • Envoyer un courrier identique à François HOLLANDE, président de la République française, en intégrant la demande de reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien.

  • Parrainer des enfants prisonniers, selon des formes à déterminer, en partenariat avec Fadwa KADER de l’association SUN FLOWER.


Intervention de Christine Hernandez à l'assemblée générale de l’APS du 11 mai 2012.

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