mercredi 19 novembre 2014

Vu, Lu, Entendu : Les ONG témoins de l'insupportable

Palestine : les ONG témoins de l’insupportable

L’Humanité, 
Gérald Rossi, samedi 15 novembre 2014
À l’Assemblée nationale hier, des orga­ni­sa­tions huma­ni­taires ont sou­ligné l’urgence de la fin du blocus et de la recon­nais­sance de la Palestine.



Les ruines comme terrain de jeux, pour ces enfants pales­ti­niens, dans le quartier de She­jaiya, à Gaza, le 12 octobre. Photo : AFP /​ Mahmud Hams

« Je veux témoigner d’une catas­trophe huma­ni­taire et envi­ron­ne­mentale  », explique Najma Jamee. Jeune ingé­nieure, engagée auprès de l’association France Palestine Soli­darité, elle se trouvait il y a cinq jours à peine dans la bande de Gaza. Hier matin, en com­pagnie de plu­sieurs mili­tants d’ONG, elle a par­ticipé à une ren­contre à l’Assemblée nationale, béné­fi­ciant du soutien des par­le­men­taires com­mu­nistes. Avec une émotion contenue, elle résume  : «  La plupart des familles que j’ai côtoyées sont désormais vic­times de troubles psy­cho­lo­giques, et contraintes de vivre sans dignité, hébergées comme elles peuvent, dis­posant souvent d’à peine trois litres d’eau par jour et par per­sonne.  » De plus, depuis les bom­bar­de­ments, «  la pro­duction d’électricité est défaillante, ce qui a pour consé­quence de bloquer les sta­tions d’épuration. Ainsi, 70 % des eaux usées sont rejetées direc­tement dans la Médi­ter­ranée. Une pol­lution que subissent aussi les pêcheurs, ainsi privés de leur travail…  ».
« Les colons peuvent utiliser soixante-​​quinze fois plus d’eau »
Un constat alarmant que confirme Johanna von Tog­genburg, de l’association Ewash  : «  Les Pales­ti­niens subissent un régime dis­cri­mi­na­toire, l’accès au fleuve du Jourdain leur est par exemple interdit, alors que les colons peuvent uti­liser soixante-​​quinze fois plus d’eau qu’eux, dit-​​elle, une situation sans pos­si­bilité de survie, ce qui contraint les popu­la­tions à déménager.  »
«  En revanche, sou­ligne Kareem Joubran, du Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les ter­ri­toires occupés (B’Tselem), chaque jour, les colons élèvent de nou­velles construc­tions. Dans la vallée du Jourdain, ils contrôlent plus de 90 % des terres, alors qu’il fau­drait bloquer le déve­lop­pement des colonies, les­quelles bloquent toute solution…  »
Ce que confirme Ale­jandra Garcia Paton, de Médecins du monde  : « Les popu­la­tions sont confrontées à une vio­lence constante. Sur Gaza, avec les aides inter­na­tio­nales, nous avions réha­bilité 25 centres de santé après l’opération “Plomb durci”. À l’issue de la guerre de l’été dernier, 20 de ces struc­tures sont à nouveau anéanties.  »
Aujourd’hui, poursuit Marya Farah, de l’ONG Pales­ti­nienne Al Haq, basée à Ramallah, «  il est urgent de lever le blocus notamment pour les maté­riaux de recons­truction  ; à l’approche de la mau­vaise saison, on peut craindre le pire  ».
Le pré­sident du groupe Front de gauche à l’Assemblée, André Chas­saigne, s’est dit par­ti­cu­liè­rement soli­daire des inquié­tudes exprimées, rap­pelant «  l’urgence du respect du droit inter­na­tional et de la recon­nais­sance de l’État palestinien  ».
«  Il faut en finir défi­ni­ti­vement avec cette situation indigne  », a insisté la séna­trice com­mu­niste Michelle Demessine.
Pour la députée Marie-​​George Buffet, «  nous devons faire à nouveau grandir la mobi­li­sation popu­laire  ». La recon­nais­sance par la France de l’État pales­tinien, comme l’ont déjà fait d’autres nations euro­péennes, serait un acte fort sur le plan inter­na­tional. Les par­le­men­taires éco­lo­gistes ont déposé un texte dans ce sens, les socia­listes aussi (débattu le 28 novembre), pour les com­mu­nistes ce sera le 11 décembre au Sénat. Un peu plus tard à l’Assemblée.
Enfin, hier après-​​midi, on apprenait que la muni­ci­palité de Jéru­salem, pour­suivant la stra­tégie d’Israël, a approuvé la construction de 200 nou­veaux loge­ments dans le quartier de colo­ni­sation de Ramot. Ce qui ne pourra que créer de nou­velles ten­sions. À l’inverse des attentes des ONG.

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