mardi 25 juillet 2017

Article - Info -Presse: L’occupation israélienne, le nerf de la guerre



Proche-orient. L’occupation israélienne, le nerf de la guerre

Pierre Barbancey
Lundi, 24 Juillet, 2017
L'Humanité

Des affrontements meurtriers se poursuivent à Jérusalem-Est et en Cisjordanie après l’installation de détecteurs de métaux à l’entrée de l’esplanade des Mosquées.
La tension n’est pas près de retomber à Jérusalem et dans les territoires occupés. Cinq Palestiniens ont été tués depuis vendredi, ainsi que trois colons. Les heurts ont commencé après l’installation il y a une semaine, par Israël, de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade des Mosquées, à la suite d’une attaque meurtrière contre des policiers israéliens. Selon Tel-Aviv, les armes qui ont servi à tuer ces policiers le 14 juillet avaient été cachées dans le complexe. Les nouvelles mesures ont immédiatement provoqué la fureur des Palestiniens, qui craignent que les autorités israéliennes ne cherchent à remettre en cause le statu quo en vigueur depuis plusieurs décennies sur ce site sensible situé à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville sainte dont l’annexion par Israël n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. D’où le fait qu’aucune ambassade ne se trouve à Jérusalem. Les entrées de l’esplanade sont contrôlées par Israël, qui l’appelle mont du Temple, mais le site est géré par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure, mais Israël empêche régulièrement les Palestiniens âgés de moins de 50 ans de s’y rendre. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier. Depuis l’installation des portiques de sécurité, les Palestiniens ont boycotté le site, effectuant leurs prières en dehors, et les violences entre manifestants et forces israéliennes ont été quotidiennes. Elles ont culminé vendredi, après la grande prière hebdomadaire des musulmans.
L’origine de toute la violence qui sévit dans cette région est connue : l’occupation israélienne qui dure depuis cinquante ans, la colonisation qui ne cesse de grignoter les territoires palestiniens, l’avenir bouché pour les jeunes de Palestine… et une volonté israélienne de transformer cette occupation en un conflit religieux. Dimanche, le service israélien de sécurité intérieure, le Shin Bet, a ainsi annoncé dans un communiqué avoir arrêté 25 membres du groupe islamiste Hamas à titre préventif dans le cadre des « tensions autour du mont du Temple ». C’est un peu comme jeter un jerrycan d’essence sur un feu en faisant croire qu’on veut l’éteindre. La force occupante fait tout pour accroître les tensions.

La punition collective, l’arme traditionnelle de Tel-Aviv

La maison du Palestinien qui a tué les colons a été détruite. La punition collective est l’arme traditionnelle de Tel-Aviv. Au point de passage de Qalandia, entre Ramallah et Jérusalem, des heurts ont opposé plusieurs centaines de Palestiniens aux forces de l’ordre israéliennes. Le Croissant-Rouge, les services de premiers secours palestiniens, ont par ailleurs fait état de 450 blessés dans des heurts à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, dont 110 dans la ville sainte. Parmi eux, 170 ont été blessés par des balles ou projectiles en caoutchouc. Dans la bande de Gaza, où ont eu lieu aussi des affrontements au niveau de la « barrière de sécurité », 40 Palestiniens ont été blessés, dont sept par balle, selon des sources médicales.
La situation est telle que l’Autorité palestinienne a réagi vendredi. Mahmoud Abbas a affirmé, depuis Ramallah : « Au nom de la direction palestinienne, j’annonce (…) un gel de tous les contacts avec l’État d’occupation à tous les niveaux jusqu’à ce qu’Israël s’engage à annuler toutes les mesures contre notre peuple palestinien en général et à Jérusalem et dans la mosquée al-Aqsa en particulier. » Le président palestinien a souvent brandi la menace d’une rupture des liens avec Israël, notamment sur la question sécuritaire, mais il ne l’avait jamais mis en application, au grand dam de nombreux Palestiniens qui reprochent justement à l’Autorité de faire « le sale boulot » à la place de l’occupant. Ce coup de poing sur la table signe une fois pour toutes la mort des accords d’Oslo, qui se sont avérés un piège pour les Palestiniens et un paravent commode pour la « communauté internationale » qui s’abrite régulièrement derrière un « processus de paix », notion dont on se demande ce qu’elle peut recouvrir, dans la mesure où il n’y a ni processus ni paix.
La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU prévue aujourd’hui permettra de « parler urgemment de la façon dont les appels à la désescalade peuvent être soutenus », a indiqué l’ambassadeur suédois à l’ONU, Carl Skau. Dans leur habituel travail d’équilibristes, les représentants du Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU) ont appelé samedi toutes les parties à « faire preuve d’une retenue maximale, à éviter les actions de provocation et à travailler en vue d’une désescalade ». Les envoyés du Quartette exhortent « Israël et la Jordanie (gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem – NDLR) à travailler ensemble pour maintenir le statu quo » sur l’esplanade des Mosquées. Un vœu partagé par l’Union européenne, qui a « encouragé Israël et la Jordanie à travailler ensemble pour trouver des solutions pour maintenir la sécurité pour tous ». Le général Yoav Mordechai, chef de l’organisme israélien qui supervise les affaires civiles dans les territoires palestiniens (Cogat), a expliqué que les autorités « examinaient d’autres options (que les détecteurs de métaux) pour assurer la sécurité ». Des caméras viennent d’être installées à au moins une des entrées du site.

Pour les autorités israéliennes Jérusalem est indivisible

Mais, en réalité, le problème dépasse les seuls détecteurs de métaux et touche directement à l’occupation de Jérusalem-Est, la volonté des autorités israéliennes d’exclure le plus de Palestiniens possible et de renforcer le nombre de colons juifs. Pour les Israéliens, « Jérusalem est la capitale une et indivisible du peuple juif ». Pour Tel-Aviv, il n’est donc pas question que la partie orientale de la ville soit un jour la capitale de l’État palestinien. Pour preuve, les députés israéliens viennent d’approuver la lecture préliminaire d’un projet de loi qui nécessiterait une majorité qualifiée des deux tiers de la Knesset pour céder toute partie de Jérusalem aux Palestiniens dans le cadre d’un futur accord de paix. Moalem Refaeli, la députée qui a présenté ce texte, a été on ne peut plus claire : « L’objectif de ce projet de loi est d’empêcher des concessions dans le cadre d’accords diplomatiques. Jérusalem ne sera jamais sur la table des négociations. »
Évidemment, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, se sent les coudées franches après l’accueil scandaleux que lui a fait Emmanuel Macron à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv, son rapprochement avec l’extrême droite hongroise en Europe et avec les pétromonarchies dans la péninsule Arabique. Netanyahou peut ainsi annoncer la construction de centaines de nouveaux logements dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est sans que quiconque songe à prendre les mesures qui s’imposent face à un État qui bafoue le droit international et impose son occupation au peuple palestinien.
Dans le cadre de la Fête de l’Humanité, un débat est organisé le dimanche 17 septembre, à 11 heures, au Village du monde sur le thème : « Comment parvenir à la paix en Palestine ? » Avec notamment la participation de Richard Falk, ancien rapporteur sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens.
Des journalistes palestiniens visés
Le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS) dénonce l’attitude de l’armée israélienne vis-à-vis de nos consœurs  et nos confrères. Le PJS accuse notamment les soldats de cibler expressément  les journalistes. Plusieurs d’entre eux  ont d’ailleurs été blessés. Un reporter de l’agence Ma’an, Mirna Atrash, a été touché par une grenade assourdissante qui lui a été lancée au visage alors qu’il couvrait les affrontements au nord de Bethléem. Par ailleurs, plusieurs équipes palestiniennes de télévision ont été empêchées de travailler. La Fédération internationale  des journalistes (FIJ) a été saisie.
grand reporter

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