Un expert refuse de quitter l’ONU pour avoir critiqué Israël
Le Nouvel Observateur/AFP, mercredi 12 juin 2013
Dans ses rapports, l’ancien professeur de droit international a notamment qualifié de crimes contre l’humanité l’offensive israélienne sur Gaza en 2008.
Un représentant controversé de l’ONU qui accuse Israël de mauvais traitements à l’encontre des Palestiniens a déclaré mardi 11 juin qu’il refusait de démissionner, assurant du bien-fondé de ses critiques envers l’Etat hébreu. "Je n’ai pas l’intention de démissionner", a dit à des journalistes le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, en poste depuis 2008.
Il a fustigé les attaques dont il est la cible, les qualifiant de "diversion". Dans ses rapports faits au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, cet Américain âgé de 82 ans et ancien professeur de droit international a notamment qualifié de crimes contre l’humanité l’offensive israélienne sur Gaza en 2008 et a appelé au boycott des entreprises aidant Israël à la mise en place des implantations dans les territoires palestiniens.
Juif, il se défend de tout antisémitisme
Ces vives critiques à l’encontre de l’Etat hébreu lui ont valu d’être à son tour vilipendé par Israël, le Canada et les Etats-Unis, qui l’ont appelé à démissionner. En avril, le Canada a ainsi demandé au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU de démettre de ses fonctions Richard Falk, lui reprochant des "propos antisémites" pour des commentaires dans un article susceptibles d’être interprétés comme établissant un lien entre l’attentat de Boston et la politique américaine à l’égard d’Israël.
L’ambassadrice américaine auprès du Conseil, Eileen Chamberlain Donahoe, a dénoncé vendredi pour sa part le fait que cet expert réclame une enquête sur l’ONG "UN Watch", l’accusant d’être un "lobby pro-israélien". De son côté, Richard Falk a indiqué qu’il n’allait pas se laisser intimider et s’est défendu d’être antisémite, soulignant avec ironie qu’il était lui-même juif. Dans son rapport présenté lundi, l’expert a demandé une enquête sur les milliers de prisonniers faits par Israël parmi les Palestiniens.
Environ 750.000 Palestiniens ont été détenus depuis 1967 et 5.000 d’entre eux - dont des enfants - sont actuellement incarcérés par Israël, selon ce rapport. En avril, 236 enfants palestiniens, dont 44 ayant moins de 16 ans, se trouvaient dans des centres de détention militaires israéliens, a indiqué pour sa part mardi une porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), citant des statistiques de l’ONG israélienne B’tselem.