Offensive de la droite religieuse sur Jérusalem
Au plus fort des tensions, après une matinée relativement calme, des extrémistes juifs n’ont rien trouvé de mieux qu’organiser, hier, une marche vers l’esplanade des Mosquées à Jérusalem- Est. Et ce, en soutien à Yehuda Glick, membre de la direction de la Fondation du mont du Temple, visé par un attentat, le 29 octobre, à Jérusalem-Est. Cet extrémiste juif, né aux États-Unis, et l’organisation d’extrême droite qu’il anime, qui militent pour le droit des juifs à prier sur cette esplanade, veulent en fait modifier le régime du site, où se trouve la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, et le dôme du Rocher, administré depuis 1967 par les autorités religieuses jordaniennes.
Un projet de loi a même été déposé par des députés à la Knesset (Parlement israélien). Certes, hier, face aux protestations jordaniennes, le premier ministre Benyamin Netanyahou a assuré, jeudi, au roi Abdallah II de Jordanie, n’avoir aucune intention de modifier les règles qui interdisent aux juifs de prier sur l’esplanade des Mosquées.
Mais il n’en reste pas moins qu’il fait montre d’une indulgence plus que coupable envers les agissements de l’extrême droite religieuse juive, quand il ne les instrumentalise pas à des fins politiques internes et externes.
La poursuite programmée de la colonisation
C’est cette offensive de la droite religieuse sur fond de poursuite programmée de la colonisation, et non les attentats à la voiture bélier contre des militaires israéliens, qui est à l’origine de la montée des tensions et des violences à Jérusalem- Est et en Cisjordanie occupée. Et, en effet, ces attaques à la voiture bélier perpétrées mercredi dans le centre de Jérusalem (un policier tué) et en Cisjordanie (trois militaires blessés) ou celle du 22 octobre (un enfant tué) sont intervenues après les manifestations de Palestiniens contre l’installation de colons juifs, majoritairement des religieux extrémistes, dans le quartier de Silwan à Jérusalem- Est.
Le 30 septembre, des colons s’étaient emparés sous protection policière de 25 logements de Palestiniens et les 19 et 20 octobre, des dizaines de colons ont occupé deux immeubles résidentiels dans ce quartier où vivent 50000 Palestiniens. Au total, plus de 500 colons se sont installés de force dans ce quartier. Et ce qui devait arriver arriva: le 20 octobre, des centaines de Palestiniens attaquaient à coups de pierres et de cocktails Molotov les colons nouvellement installés, donnant le signal à des affrontements qui se sont étendus sans discontinuité à tout Jérusalem-Est.
Pire, lundi, au plus fort de cette extrême tension, à la suite de l’injonction de Benyamin Netanyahou du 27 octobre d’accélérer les projets de construction de 1000 logements dans la partie est de Jérusalem, le ministère de l’Intérieur israélien donnait son feu vert « à la construction de 500 nouvelles
unités dans le quartier de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est », décision condamnée mollement par l’Union européenne (UE) et par Washington. Et comme si cela ne suffisait pas, la municipalité a fait raser, mardi dernier, deux maisons palestiniennes dans le quartier d’Abu Tor, au sud-est de la Vieille Ville.
Pour le négociateur en chef palestinien et membre du comité exécutif de l’OLP, Saeb Erekat, les dernières décisions israéliennes de construction de logements constituent « un camouflet pour le secrétaire d’État américain John Kerry, pour la communauté internationale, pour le peuple palestinien et pour la paix ». C’est la preuve, selon lui, qu’Israël a « fait le choix de la colonisation plutôt que (celui) des négociations ». Ajoutant que « la communauté internationale doit se rendre compte que les communiqués ne stopperont pas les colonies israéliennes ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire